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Moi, Jeune Critique de Cinéma, au Lycée Le Verger

31 mai 2012

« Moi jeune critique de cinéma au Lycée Le Verger »… c’est quoi ?

Une critique de cinéma au Lycée Le Verger »… …C’est une équipe de 18 élèves de Seconde, rejoints par quelques élèves de Première Littéraire du Lycée Le Verger, à Sainte-Marie de la Réunion, et encadrés par une professeure de Lettres, Chantal HOEL, un...
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24 septembre 2013

FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS: comique et tragique à la fois ?


Mujeres al borde de un ataque de nervios (Femmes au bord de la crise de nerfs) est un film d’Almodovar de 1988, qui raconte l’histoire de Pepa et d’Ivan, acteurs de doublage et amants.

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      Pepa sent qu’Ivan va la plaquer . Justement, ils sont en train de doubler une scène du film  Johnny Guitar, un western de 1954, de Nicholas Ray. On y  assiste à la rupture entre Joan Crawford et Sterling Hayden. Les comédiens se disent leur amour par dialogue de film interposé sauf que, quand Ivan fait son doublage, Pepa dort, dans son lit, bourrée de somnifères, et quand elle vient faire son doublage, Ivan est parti. Cette mise en abyme (le film dans le film)  nous installe dans le mélodrame.                                                                                                         

     Or, le film est extraordinairement comique.

     L’appartement de Pepa est le lieu de l’hystérie : elle met le feu à son lit, écrase des somnifères dans un gaspacho (qu’elle ne boit pas… mais que d’autres boiront), jette le téléphone par la fenêtre , puis le répondeur car elle ne reçoit jamais le coup de téléphone qu’elle attend de son amant. Elle envoie, même par la fenêtre un disque 33 tours, qui atterrit dans la rue sur la nuque de sa rivale, une avocate féministe.

     Et accessoirement,  pour gagner sa vie, entre deux doublages, Pepa tourne des publicités. On la reconnaît dans la rue car elle est « la mère de l’assassin » qui efface toutes les preuves du crime de son fils… avec la lessive qui lave plus blanc que blanc !                                                                      

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     Le film fait rire aussi par la logique démentielle du hasard :

l’amie de Pepa a un amant terroriste qui va faire sauter un avion, le même que doivent prendre Ivan et sa maîtresse.                                

Pepa veut sous-louer son appartement. Se présente alors un couple joué par Antonio Banderas et Rossy de Palma. Le jeune homme, Carlos, qui bégaye, accompagné d’un vrai dragon, sa fiancée, n’est autre que le fils d’Ivan.

Autre rencontre improbable : Pepa qui doit prendre un taxi tombe trois fois sur le même chauffeur.                                                                                   

      Le personnage le moins haut en couleur est Ivan, objet de tous les désirs,  comme le coq du poulailler  de Pepa.

 Il est poursuivi par sa femme qui sort de l’hôpital psychiatrique et veut le tuer à l’aide d’un revolver.

Et par sa maîtresse Pepa qui veut le sauver mais, avant, veut avoir avec lui une dernière explication.                                                                                                                                

     Elle a quelque chose à lui révéler …

     Pour connaître son secret, vous devrez voir le film.                                

     Ivan, dans ce film, est comme le don Juan de Molière, s’enfuyant pour échapper à doña Elvire.                                                                                                                                                                                    

     Mais derrière tous ces effets comiques, le tragique est présent. C’est celui qu’on trouve chez Ionesco, et qui dit l’impossibilité de communiquer entre les êtres.

     Femmes au bord de la crise de nerfs est le 7eme film d’Almodovar et le 1er  à avoir un succès international. C’est Almodovar qui a écrit le scénario mais, au départ, il voulait adapter le monologue de Jean Cocteau : La Voix humaine (une femme au téléphone parle pour la dernière fois à son amant qui vient de la quitter pour se marier … ).

     Arte a rediffusé ce film en mai 2012. Plus de 20 ans après, on peut se demander quel regard  porter sur ce film.

      Il est ancré dans «  la Movida » (nouvelle vague) et traduit la libération intellectuelle de l’Espagne après la mort de Franco.                                                                                          

     On a qualifié Almodovar d’insolent, de provocant, de surdoué.

      On a dit de son film qu’il était extravagant, baroque, kitsch, qu’il était une comédie de boulevard à l’espagnole.

      On retiendra peut-être deux phrases de Cécile Mury, critique à Télérama, qui appelle Carmen Maura «  la diva des crises de nerfs » et qui définit ainsi le film d’ Almodovar : «  Le héraut-héros de « la Movida » shoote Feydeau aux amphétamines et au gaspacho ».  

       Aujourd’hui, on a pu remarquer, dans le dernier festival qui a récompensé le cinéaste espagnol pour toute son œuvre, qu’il est resté fidèle à sa famille d’actrices, Carmen Maura et Rossy de Palma en tête.

    Maintenant, il ne vous reste plus qu’à voir ou revoir ce film avec un bon gaspacho (non empoisonné …) dont voici la recette :

 

Ingrédients pour 6 personnes : - 1.5 kg de tomates - 2 concombres - 1 botte d’oignons nouveaux - 3 poivrons (couleur au choix)  - 2 gousses d’ail - 3 cuillérées à soupe de vinaigre   -- 3 cuillérées à soupe d’huile d’olive - 3 tranches de pain -  du basilic.

Lavez, pelez, épépinez les tomates. Mettez les dans un mixeur. Mixez.

Pelez les oignons.  Lavez les concombres et les poivrons.

Ajoutez aux tomates mixées, les concombres et les poivrons.  

Ajoutez l’ail, le pain, le vinaigre, l’huile d’olive et un verre d’eau.

Salez, poivrez, mixez !

Mettez au frais 2 heures, et au moment de servir décorez avec du basilic ciselé.

Buen provecho !

 

José VIVIAN

3 juin 2013

LE COUPERET : comment Costa-Gavras associe-t-il le monde du travail des cadres à un univers de violence ?

Le film démarre au milieu de l'histoire, ce qui nous laisse supposer une multitude de flash black. Au cours du film, le spectateur découvre l'histoire de Bruno Davert, cadre supérieur dans une usine de papier, licencié à cause d'une délocalisation décidée par les actionnaires de son entreprise. Il tente de retrouver du travail mais n'y parvient pas. Après deux ans et demi de recherches il se décide à éliminer de façon méthodique toutes les personnes susceptibles d'obtenir le poste qu'il désire.

 

Un film sur l'obsession de la réussite et un contexte social difficile qui touche toutes les catégories de la population.

 

L'histoire aborde le thème du système social actuel, dans lequel l'individu doit être le meilleur. Ce conditionnement le pousse à écarter (à éliminer, dans le film) la concurrence pour ne pas se retrouver au chômage. La forme du thriller que prend le film permet de raconter une histoire qui évoque des thèmes d'actualités : le chômage, les licenciements et le modèle économique libéral. Le film dénonce donc les effets destructeurs du capitalisme et le mal être du travailleur chômeur. Le réalisateur parvient à mettre le spectateur mal à l'aise en lui montrant les conséquences de la recherche de la réussite.

 

Le Couperet, donne la vision d'un cercle sans fin, dans lequel sont engagés tous les individus à la recherche du succès.


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La mise en scène d'une nouvelle forme de violence provoquée par une situation sociale qui touche de plus en plus de personnes.

 

La mise en scène d'une situation amorale fait apparaitre un sens moral qui alerte sur une nouvelle forme de violences barbares. D'après ce long-métrage tous les hommes seraient capables de commettre des horreurs (ici le meurtre) s'ils sont dans des conditions adéquates (pour le personnage c'est la peur du chômage, synonyme d'échec et sa volonté de protéger sa famille). Costa-Gavras dévoile une violence brutale et rapide (ex: Davert abat une victime d'un coup de feu à bout portant, violent car il provoque le recul du personnage blessé et fait sursauter le meurtrier et les spectateurs).

 

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Une introspection du personnage qui permet de comprendre les conséquences du chômage sur l'individu et le cercle familiale.

 

Le chômage à une influence qui ne porte pas sur le seul  individu licencié, mais sur  la totalité du cercle familial car la pression de la recherche d'emploi est constante. Il subit l'attente de sa femme lorsqu'il revient d'un entretien d'embauche et le regard de ses enfants mais aussi la pression de son entourage moins proche (voisins, amis...). Cette angoisse, ce doute permanent provoque le repli du personnage sur lui-même et sa peur de décevoir autrui sont à l'origine de son passage à l'acte. 

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 Bruno Davert est un personnage complexe que le spectateur a du mal à comprendre car il ne peut pas justifier ses actes.

 

 Cependant, le spectateur est partagé entre différents sentiments vis-à-vis de Davert, bien que meurtrier en série.

 Le réalisateur joue en effet sur l'ambivalence du caractère du personnage, au sein d'une famille en apparence parfaite (ex: "Bah alors chéri? Tu n'aimes pas les pâtes ?"). Au départ le spectateur  éprouve de la sympathie pour Bruno, il rit mais l'histoire bascule. C'est un homme intelligent et cultivé qui va sombrer dans la violence et l'horreur. Le spectateur est face à un personnage double, qui a un côté très humain. Il est soulagé de ne pas avoir à tuer une de ses victimes car celle-ci a retrouvé du travail. Une fois les meurtres commis il se sent coupable, il panique,  tremble et vomit. Il perçoit en ceux qu'il prend pour ses ennemis la même détresse que la sienne. (ex: Il rencontre avec un ex-cadre devenu modeste vendeur de fringues sous les ordres d'un tyran minuscule). Cependant, c'est un meurtrier, aveuglé par son objectif... individualiste.

 

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Un spectateur perplexe à cause d'un passage à l'acte qui le partage entre incompréhension et tentative de justification.

Entre la capacité de tuer, avoir la volonté de tuer... et passer à l'acte, il existe un fossé moral infranchissable.

Le personnage est capable de commettre un meurtre car il est persuadé que son geste est nécessaire. Il le fait par nécessité, il vit pour sa famille et pour son travail. Malgré cela le spectateur ne peut pas lui trouver de circonstances atténuantes : pas d'alcoolisme, de misère ou de situation sordide. Il agit car la société le pousse à courir après la réussite et sa condition de chômeur est perçue comme un échec personnel. Ses actes sont réfléchis, c'est un professionnel, logique, efficace. Son expérience de cadre lui permet de s'organiser, de bannir toutes ses émotions et d'atteindre ses objectifs. Il passe à l'acte, à plusieurs reprises et perfectionne sa technique au fur et à mesure de ses meurtres.

 

Le chômage est mis en scène comme une nouvelle forme de guerre provoquée par une société qui ne prend en compte que la valorisation de l'économie.

 

 Bruno Davert est un homme en guerre contre ses concurrents et contre la société capitaliste. Comme son père qui a fait la guerre pour son pays, lui se bat pour sa famille (ex: dans son grenier il fouille dans de vieilles affaires et utilise l'ancienne arme de son père pour commettre ses crimes). Pour poursuivre sur l'exemple de la guerre, les pertes ne sont pas prises en compte. Le personnage est le reflet de la société dans laquelle il vit, il tue sans se soucier des pertes qu'il provoque, seul son objectif de retrouver du travail compte.

 De plus, le personnage ne tue que parce qu'il est poussé à le faire. Ces meurtres sont commis malgré lui. Le film rejette la faute sur le modèle capitaliste qui délaisse toute humanité au point de pousser à des extrêmes.

 

 

 

Les publicités sont le reflet d'une société qui met en place un modèle familial et tourne autour de l'économie et de la violence.

 

Le personnage est entouré de publicités qui proposent des produits qui l'attirent mais auxquels il ne peut plus accéder à cause de la perte de son emploi. Cette frustration est à l'origine de la perte de confiance en lui  et le pousse à tuer pour retrouver un emploi, un pouvoir d'achat ui lui assureraient de continuer à vivre comme il le faisait auparavant.

 La vie du personnage ressemble à une publicité. Il a deux enfants, un garçon et une fille, il est marié à une femme intelligente et sensible, il possède une maison confortable et des signes extérieurs de richesse.

 La ville où Bruno Davert vit ressemble à une publicité : propre, pelouse et haie entretenues, voitures haut de gammes... Le meurtre a aussi pour objectifs de maintenir ce cadre de vie puisque le personnage en travaillant aura les moyens de l'entretenir.


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Les publicités font passer des messages implicites au spectateur et aux personnages.

 

Celles-ci délivrent un message indirect au personnage principal. Notamment la publicité pour une montre qui est utilisée comme un poignard ou un camion croisé qui nus échappe et qui  utilise le slogan « Nous réalisons vos rêves ». Celle-ci passe, alors que Bruno Davert vient de commettre un autre meurtre. D'autres publicités, qui se trouvent dans le film délivrent des messages à double-sens: le luxe, le sexe et la violence. Les affiches publicitaires sont aussi basées sur la femme objet, à travers des publicités pour de la lingerie.

 

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La publicité et le mensonge seraient à l'origine de la violence que le film décrit. L'évolution du meurtre correspond à différent thème des publicités. Plus les meurtres se multiplient, plus le personnage se perfectionne et les publicités changent et correspondent au mode de vie du personnage. Au début du film, les publicités montrent la femme-objet (la femme du personnage ne travaille pas réellement), il commence à commettre des meurtres et les publicités portent sur des objets de luxe qui implicitement sous-entendent la violence (ex: publicités de la montre) et pour finir ses meurtres sont plus surs et les publicités montrent des voitures (objet qu'utilise Bruno Davert pour aller sur les lieux de son crime).

 

 

Le mensonge est un des thèmes du film.

 

Le personnage est un menteur du début à la fin du film. Il ment pour cacher ses activités à sa famille, il se cache derrière de fausses identités et fausses boites postales pour repérer ses victimes. Il ment aussi au garagiste, au conseiller matrimonial et à la police.

Les autres chômeurs mentent, à travers leurs CV, leurs photos embellies... Le fils du personnage principal ment pour cacher des vols et ses parents mentent pour le couvrir.

Les médias jouent un rôle clef dans le film, il ne rapporte pas la vérité mais aident le personnage à mentir. Le personnage est prêt à se dénoncer mais voit au journal télévisé que ses meurtres ont été mis sur le compte d'un autre.

 Le mensonge est un défaut moral qui est, dans le film, minimisé. La société est habituée au mensonge et cela ne dérange ni le spectateur, ni les personnages.

 

 

Dans Le Couperet, Costa Gavras montre que le travail est au centre de la vie des individus.

 Il permet de maintenir un train de vie, de préserver la famille et une stabilité psychologique. Le film montre que le travail est actuellement au centre de l'actualité et des modes de vies car il soutient l'ensemble. Cependant, dans le contexte économique actuel, le chômage met les individus dans des situations difficiles et pousse parfois à la violence. Le film décrit donc un monde du travail difficile et violent. Il existe une dualité du travail, il peut être valorisant, si l'individu s'épanouit grâce à lui. Mais il peut aussi être à l'origine d'une perte de la famille, d'une perte d'estime de soi, d'une souffrance psychologique. C'est un monde violent, dans lequel, les individus se battent pour conserver ou obtenir un emploi. Au-delà de cette lutte entre humains (qui montre cette perte des valeurs au sein de la société), c'est une lutte de l'individu  avec lui-même. En effet, celui-ci doit trouver la force de persévérer mais parfois, dans un autre extrême, cette violence se retourne contre l'individu qui se donne la mort pour échapper à la cruauté et à la violence de ce monde.

 

Estelle GRONDIN

 

 

 

13 mai 2013

LES DERACINES : comment traiter à l'image la domination des paysans de l'Algérie colonisée ?

En 1976, Mohamed Lamine Merbah réalise le film Les déracinés qui plonge les spectateurs dans l'Algérie de 1880, au moment culminant de l'expropriation des "autochtones" par l'autorité coloniale française sous régime républicain. Le film est algérien, réalisé par un Algérien dans une Algérie indépendante depuis 1962. Il propose alors ce que le cinéma français n'a encore jamais envisagé à l'écran : remonter aux racines de la colonisation.

 

Affiche (Les Deracines المقتلعون)

 

Comment le réalisateur, au delà ou en complément de l'histoire elle-même et des dialogues, montre-t-il cinématographiquement la domination des paysans d'Algérie ?

La musique tient toute sa place et marque : si lorsque les administrateurs et les colons français sont à l'écran elle se révèle plutôt enlevée, joyeuse ou haletante, la mélodie récurrente lorsqu'apparaissent les hommes et femmes d'Algérie est le plus souvent triste, lente. Elle ajoute à la scène une dimension tragique comme lors de la mort du Cheik.

L'image reste toutefois le moyen privilégié de montrer cette domination et l'opposition systématique entre colons et colonisés, qu'il s'agisse de la lumière ou des couleurs, du cadrage, du point de vue...


Les choix de cadrage et de point de vue nous paraissent être les plus évidents. Lors de la scène du discours de "l'Administrateur" par exemple, ce dernier est filmé en contre-plongée et centré à l'image, comme la plupart de ses apparations d'ailleurs, renforçant l'idée de puissance, d'occupation maximale à l'écran, de hauteur : le spectateur le voit dans la position du dominant. A l'inverse, le contre-champ donné est en plongée sur non plus un seul personnage, mais une foule de paysans qui regardent par conséquent l'administrateur dans la position du dominé. Cela est renforcé par l'alternance de gros plans sur une personne, colon ou acteur de la colonisation, avec des plans larges sur une foule paysanne montrant ainsi que le pouvoir est confisqué par une minorité. Du reste, lorsque colons ET "autochtones" réunis en un même plan, apparaissent donc en même temps à l'écran, les premiers figurent devant, les suivants derrière.

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Les "autochtones" sont  rarement filmés seuls mais toujours par groupes au minimum de trois ou quatre personnes, plus fréquemment en masse, voire en mouvement suivis par un travelling. plus nombreux, à en saturer parfois l'écran, ils apparaissent, comme dans la réalité, majoritaires dans un pays qui est le leur.

 

Un pays qui historiquement le leur, mais que la colonisation vient déposséder... Ici, les paysages ne montrent qu'aridité et rocaille, travaillés par les paysans, quand les champs verts et terres fertiles leurs sont confisquées.

 

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La scène qui associe le Caïd et l'Administrateur dans son bureau confirme cette dépossession. Entre les plis du drapeau tricolore, se trouve la carte de l'Algérie, et à la droite de l'écran, un globe montrant la volonté conquérante de la République.

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Cette opposition se retrouve dans la tonalité sombre qui caractérise les discussions entre paysans :  autour du feu, fréquence des scènes de nuit, d'ombre ou d'obscurité naturelle...

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L'utilisation des couleurs bleu-blanc-rouge est aussi à noter. "L'Administrateur" est systématiquement entouré de drapeaux ou de fanions aux couleurs de la république. le Caïd, qui apparait comme un collaborateur du pouvoir français contre ses "frères" d'Algérie est lui même habillé de bleu, de blanc et de rouge...

 

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Lindsay MALAYANDI, Christina PHILOMENE,

Emilie AURE, Natacha AURE

 

 

 

 

3 avril 2013

INCENDIES : film de guerre contemporain ou tragédie grecque ?

Incendies est un film québécois de 203 minutes de Denis Villeneuve, sorti en salle en 2010. Dont les personnages principaux sont Rémy Girard dans le rôle de Lebel, Mélissa Désormeaux-Poulin dans celui de Jeanne Marwan, Maxim Gaudette dans le rôle de Simon Marwan et ELubna Azabal incarnant Nawal.


D'après la pièce éponyme de Wajdi Mouawad, Denis Villeneuve crée un chef d'oeuvre, mêlant deux genres presque contradictoires.

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A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwan se voient remettre deux enveloppes : l’une destinée à un père qu’ils croyaient mort et l‘autre à un frère dont ils ignoraient l’existence.
Jeanne voit dans cet énigmatique legs la clé du silence de sa mère, enfermée dans un mutisme inexpliqué les dernières semaines précédant sa mort. Elle décide immédiatement de quitter le Canada et partir au Moyen Orient exhumer le passé de cette famille dont elle ne sait presque rien …
Simon, lui, n’ a que faire des caprices posthumes de cette mère qui s’est toujours montrée distante. Mais son amour pour sa soeur jumelle le poussera bientôt à rejoindre Jeanne et à sillonner avec elle le pays de leurs ancêtres sur la piste d’une mère bien loin de celle qu’ils ont connue.


Sur fond de You and Whose Army? de Radiohead et de flash-back, le passé de Nawal, mère des jumeaux nous est dévoilé... jusqu'à un dénouement qui frise l'horreur...

 

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Peut-on qualifier un film de tragédie grecque ?
Je ne sais pas.
Mais peut-on qualifier Incendies de tragédie grecque ?
Irrémédiablement, oui.


Sur un aspect purement historique, il est possible de considérer qu' Incendies narre les tensions incessantes opposant les chrétiens et les musulmans, dans le monde arabe.

Mais au delà de cela, indéniablement, le souffle de la tragédie plane sur tout le film.
Ces guerres de religion ne sont plus que le cadre d'un terrible drame, une excuse pour présenter une tragédie éffrénée.


Dans sa Poétique, Aristote décrivit ce qu'il appella « la catharsis ». Ce mélange de terreur et de pitié, nécessaire à toute bonne tragédie. Dans Incendies, Denis Villeneuve, aidé de Sophocle, insuffle le douloureux thème de l' inceste à l' oeuvre.

Tel Oedipe, le fils devient le père.
Tel Phèdre, il est fautif mais non coupable.
Tel Andromaque, le fils est piégé dans deux époques distinctes, celle de la mère mais aussi celle des enfants.


Ce qui pose l' inéluctable question de la tragèdie : est-il victime ou bourreau ?

Les indices du terrible dénouement nous sont chuchotés par des alizés récurrents que l'on a du mal à interpréter.


Telle une tragédie, la crise dure longuement, ponctuée par des retours en arrières, qui intensifient la tension. Jusqu' à la révélation finale, véritable typhon, qui ne s'effectue que dans les dernières minutes. La fatalité s' abat alors, indéniable et intransigeante. Bourrasque dévastatrice, elle nous laisse estomaqué, abasourdi, soufflé
On ne sait que penser, on ne veut y croire. « Non, se dit-on, ce n'est pas possile ! »

 

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Pourtant, la dernière scène du film que l'on pourrait qualifier d' excipit, laisse entrevoir un vent de douceur, contrastant avec le mistral glacé qui a suffoqué le spectateur, lors de l' ultime révélation. Nihad, le fils est assailli par un tourbillon de souvenirs pour finalement se laisser emporter par l'apaisement, que le pardon de sa mère lui offre, par une après-midi ensoleillée.


Outre mesure, certain s'attacheront à ne pas considérer ce film comme une véritable tragédie grecque « Personne de véritablement ''intéressant'' n' y meurt » dirait-il. Nous leur ferons alors la même réponse que Racine lors de la parution de
Bérénice, car il est explicite que toute l' horreur s'est déroulée durant les deux heures précédentes.


Incendies, certes, film de guerre contemporain a malgré tout, toute sa place dans l'immense fresque des plus grandes tragédies antiques.

 

Vivienne FURIA

 

 

 

 

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31 mai 2012

ALLAN ou comment un court-métrage peut susciter émotion et respect du suspense en moins de neuf minutes ?

 

ALLAN est un court-métrage réalisé par Frédéric Azar en 2006 dont les personnages principaux sont Gérard Lecaillon dans le rôle d'Allan, Chantal Banlier dans celui de sa femme et Karine Zibaut la DRH.

Ce court-métrage qui dure 8 min 55 raconte l'histoire d'un homme d'une cinquantaine d'années, Alain Favre, qui recherche du travail et qui après plusieurs refus décide de changer son âge sur son curriculum vitae. Il va non seulement se rajeunir de dix ans sur ses papiers mais également changer son apparence, son prénom et sa vie personnelle. Des scènes drôles et rocambolesques vont se succéder et amener le personnage de plus en plus loin dans l'invention de sa nouvelle vie. Ainsi les maladresses et les gros mensonges d'Allan, alias Alain, vont tenir en haleine le spectateur. Il peut être à tout moment démasqué par la DRH. 

 

Ici nous allons nous intéresser particulièrement au générique d’entrée. Il occupe en effet une place importante car il donne dès le départ le sujet, le thème du court-métrage et la suite n'en est qu'une illustration. 


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Le générique s'accompagne d'une musique mélancolique associée à un gros plan sur un stylo bic noir qui a été beaucoup utilisé car il est mordillé, signe, au passage, du stress probable de son propriétaire. Le stylo indique une direction que la caméra suit. Telle une flèche, il nous amène sur le sigle ANPE d’une page en bas de laquelle est prévcisé : "Notre métier, l'emploi ». En conséquence, nous pouvons supposer que le court-métrage va parler d'emploi. 


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    Toujours en un gros plan la caméra poursuit don travelling vers la droite et laisse apparaître trois enveloppes timbrées, laissant à penser que ces lettres auront pour destinataire l’ANPE (Agence Nationale Pour l'Emploi).

Puis très vite la caméra fait entrevoir les pages d’un agenda-semainier désespérément vide : aucune note inscrite et pas de rendez-vous à l’horizon…


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Toujours dans le mouvement de la caméra, le titre du court-métrage surgit, écrit en majuscule et de couleur blanche : ALLAN. Ce qui attire notre attention, c'est que nous avons en second plan, presque en même temps que le titre, écrit sur un document en caractère gras et en majuscule le mot TRAVAIL. Ainsi nous pouvons supposer que le personnage principal se prénomme Allan et qu'il est celui qui est concerné par la recherche d'emploi. 


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Notre hypothèse est immédiatement confirmée par l'apparition d'une lettre commençant par  « Monsieur, nous avons bien reçu votre candidature... ».   

Puis c'est le nom du réalisateur Frédéric Azar  qui apparait et nous entendons parler un personnage : un homme. Quasi simultanément   nous pouvons voir sur un article de journal en gros titre  «  Emploi des 55-64 ans : les blocages français » 

Au son, le personnage au téléphone  interroge  son interlocuteur sur les raisons du rejet de sa candidature. Il évoque ainsi son âge et puis raccroche, agacé, le téléphone. C'est sur ces paroles et cette discussion que le personnage fait enfin son apparition  à  l'écran, dans un cadre resserré qui laisse voir l’intérieur de ce qui semble être un salon. L’œil du spectateur embrasse d’un regard tout ce qui a été suggéré jusqu’ici et confirme les hypothèses émises : il s’agit bien d’un homme, relativement âgé, cheveux grisonnants, lunettes de vue, chemise passée de mode dans son intérieur peu éclairé, devant une fenêtre qui ouvre cependant légèrement sur l’extérieur. Visiblement désespéré, l’homme décide après quelques secondes de réflexion de changer son âge sur le curriculum vitae qu’il a saisi sur ordinateur, et nous comprenons ainsi que le problème soulevé dans ce court-métrage c'est la réinsertion des seniors  sur le marché du travail. 


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Ce qui nous a frappé dans ce court-métrage, c’est la puissance de suggestion du réalisateur qui dans un format très bref, doit faire réagir, le spectateur, doit susciter l’émotion. Pas de perte de temps avec un générique sur fond noir qui déroule pendant d’interminables secondes les protagonistes du film. Frédéric Azar installe avec maestria le personnage, son état d’esprit, ses problèmes, et, ce qui est au cœur du thème, le mensonge… tout cela en moins d’une minute.

 Ahmed CHAMSI SAID









25 mai 2012

TITANIC : comment filmer et suggérer une scène d'amour ?

Titanic est un est long métrage de 192 minutes de James Cameron, sorti en salle une première fois en 1997 et une seconde fois en 3D, tout récemment, en mars 2012. Ce film raconte, à travers les yeux de Rose (Kate Winslet) et Jack (Léonardo DiCaprio) qui vivront un amour interdit tout au long du périple, l'histoire vraie du célèbre paquebot prétendu insubmersible qui aura pourtant coulé quelques heures après son 1er départ en 1912.


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 La scène de la voiture, vue du spectateur

 La scène débute sur Jack qui trouve une luxueuse voiture dans la soute de Titanic. Il y fait monter Rose telle une dame et s'installe à l'avant pour jouer le chauffeur. Après quelques caricatures jouées et quelques blagues, Rose l'entraîne sur la banquette arrière. Ils se retrouvent dans une situation de proximité telle que s'en suit une embrassade passionée.

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 Cette scène de romance est coupée au grand dam du spectateur : elle alterne et s'enchaine avec une autre qui nous montre les membres d'équipage s'affairer sur le bateau dans la nuit noire.

 On y revient après pour découvrir que, en soute, nombre de choses se sont passées pendant ce temps. En effet, on retrouve les vitres toutes embuées et survient une main incontrôlée qui essuie une petite partie de la vitre. À ce moment le spectateur jubile de savoir ce qui se passe à l’intérieur de cette voiture, voulant vérifier l'hypothèse d'un acte amoureux poussé.

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Lorsque l'on entre dans la voiture, on y découvre les jeunes amants en plan rapprochés, nus, en sueur, et visiblement essoufflés. L'hypothèse évoquée précédemment se confirme.

Finalement, Jack se retrouve la tête posée sur la poitrine de Rose qu'elle entoure de ses bras, presque maternellement.

 

 

Dans cette scène, toute la beauté qui se dégage provient du mystère laissé par le réalisateur.

 

Tout est suggéré, rien n'est imposé. On évite ainsi la vulgarité. Les parties des corps des deux êtres qui sont laissées visibles s'arrêtent aux frontières de l'érotisme.

 

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Cette scène d'une extrême sensualité vient combler le spectateur qui est au paroxysme d'une envie de vie, donnée par l'évolution de la relation entre Rose et Jack. L'union charnelle des nos protagonistes vient détendre le spectateur identifié et impliqué dans l'histoire.

 

Une scène pivot du film

 Il faut également souligner que cette scène intervient à un moment stratégique, le milieu du film, qui met en relief le parallélisme entre l'histoire du Titanic et l'histoire d'amour des deux jeunes. Jamais on n'aurait pensé, à cette époque qu'un si beau navire, si moderne pourrait sombrer comme jamais on n'aurait pensé qu'une jeune fille issue d'une classe sociale riche pourrait vivre une idylle aussi intense avec un jeune homme issu du bas de l'échelle sociale.

 De plus, les deux histoires suivent la même chronologie. En effet, dans la première moitié du film, les histoires commencent avec zèle avant que l'iceberg ne rencontre la coque du paquebot et que le fiancé de Rose se rende compte de l'adultère de sa promise. C'est à ce moment là que tout chavire et sombre.

 

Une musique adéquate

 Il est aussi intéressant de voir comment la musique apporte une dimension de douceur à ce tout. Effectivement, les quelques airs discrets de « My heart will go on » apportent une ambiance amoureuse à cette mythique scène. Là encore, chaque note, chaque mesure, chaque instrument ou tonalité viens précisément au bon moment pour appuyer les sensations que dégagent les images. Comme par exemple, lorsque l'on découvre la main sur la vitre, le lyrisme et la densité du son sont augmentés très justement.

 

Finalement, l'originalité ainsi que la finesse de la mise en scène de ce passage clé mettent en relief une volonté du réalisateur de captiver son spectateur. Et c'est un pari plutôt réussi pour James Cameron qui réalise ici une perle cinématographique.


Lenaïc RUFFIN









3 mai 2012

SHINING : comment le générique installe-t-il le spectateur dans la terreur de l'histoire ?

 

 

         Jack Nicholson, Shelley Duval et Danny Lloyd sont les personnages principaux d’un thriller fantastique culte, parfois considéré comme un film d'horreur, dans l’histoire du cinéma : Shining.   

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Shining est un véritable chef-d’œuvre réalisé par Stanley Kubrick en 1980. Ce film raconte l’histoire d’une famille dont le père devient gardien d’un hôtel dans une montagne isolé pendant plusieurs mois. La solitude commence à peser et le protagoniste se retrouve alors pris d’une schizophrénie et tente de tuer sa femme et son fils. Ceci étant dit, on retrouve de nombreux points communs avec un évènement similaire, déjà produit auparavant dans le même hôtel. Le film est construit sur un suspense de tous les instants et un contraste entre réalité et surnaturel règne jusqu’à la dernière minute.

                Nous allons nous concentrer sur un passage en particulier de ce film qui est le générique de début. Nous allons l’analyser sous toutes ses coutures pour en déchiffrer le sens. Nous verrons tout d’abord l’œuvre d’un point visuel pour ensuite nous concentrer sur la musique de celle-ci.

Au tout premier plan, nous avons la vue sur un lac avec au milieu de celle-ci, une île isolée. La caméra se dirige droit sur cette île pour la contourner au dernier moment. Ceci est une représentation de la solitude qui dominera le protagoniste un peu plus tard dans le film. Ce lac étant calme, pour l’instant nous avons une impression de suspense. La caméra poursuit son trajet sur le lac, toujours aussi calme puis, nous rejoignons une voiture jaune sur une grande route que nous suivrons tout le long du générique.

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Le décor, une route qui semble longue et fluide a sur ses deux flancs une forêt. La caméra étant en surplomb,  nous avons une impression d’observation, de traque. Un peu plus loin dans le générique, nous voyons que la voiture a quitté la forêt et est maintenant dans un espace plus aride. La verdure manquante, nous remarquons que le personnage a parcouru un long trajet.

Puis, nous quittons cet espace aride pour arriver dans un endroit plus montagneux. Nous voyons toujours l’évolution de la voiture jaune sur cette longue route fluide où il y a très peu de véhicules ce qui appuie sur l’idée de solitude du personnage. Jusqu’à ce moment, nous ne savons toujours pas qui il est et où il va et, malgré cela, nous avons toujours ce suspense qui nous tiens la gorge serrée. La caméra toujours au-dessus du véhicule, nous avons cette sensation que la voiture et une proie et qu’un prédateur la guette près à lui sauter dessus. 

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Nous voyons ensuite qu’il commence à arriver dans une montagne, ce qui donne l’effet de recul du lieu où le personnage (dont nous ne savons toujours pas l’identité) se rend. Mais nous supposons que cet endroit est vide et  reclus. Lorsque nous poursuivons un peu plus loin dans le générique, la caméra se rapproche subitement de la voiture comme si elle allait l’attraper puis la dépasser au dernier moment et continu son trajet.  Nous voyons que le nom de Jack Nicholson apparait quand la caméra est juste derrière l’automobile. Cela nous laisse penser que c’est lui qui est au volant. Mais n’oublions pas que ceci est une hypothèse qui se confirmera au fil du film.

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Nous avons ensuite une vue sur la montagne enneigée et c’est à cet instant précis que le titre du film : «The Shining » apparait. Nous pouvons donc penser que c’est là, au cœur de la montagne, que se déroulera le film.

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Ensuite, nous retournons à un point de vue surplombant la voiture jaune, seule sur la route fluide dans la montagne. La fluidité de la manière dont se déplace la caméra nous rapporte à la menace qui suit le personnage avec une grande facilité. Puis nous commençons à arriver aux abords de la montagne enneigée qui est en arrière-plan depuis le début du générique comme un but, la direction dans laquelle va la voiture. Le véhicule toujours suivi par le prédateur est maintenant dans cette montagne.

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 Enfin, nous arrivons sur une vue panoramique sur un hôtel. A ce moment-là, il y a des véhicules sur le parking donc, ce n’est pas un endroit vide ; le personnage n’est pas seul. Nous voyons que la caméra a un mouvement circulaire comme-ci celle-ci contournait le bâtiment pour nous montrer l’isolement des  lieux. D’un point de vue général, cet endroit est difficile d’accès et très peu de gens y viennent vue la quantité infime de voitures sur la route qu’a emprunté le personnage.

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                Maintenant, après l’étude minutieuse que nous venons de faire au sujet du côté visuel du générique, concentrons-nous maintenant sur le côté sonore de ce même passage. En effet, la musique joue un rôle très important dans ce générique qui ouvre le film. Le réalisateur, Stanley Kubrick, a accordé une grande attention au choix de la musique. Ce début de film est bercé par la mélodie pesante de la Symphonie fantastique de Berlioz, inspirée elle-même de prière latine (chantée alors qu’avaient  lieu des liturgies pour les défunts).  Cette musique accentue l’idée de suspense apportée par l’image. En effet, cela nous tiens sous une certaine tension par les contrastes entre l’aigu et le grave.


Générique - Shining - Stanley Kubrick (1980)

Au tout début du générique, il y a un rythme grave qui se répète comme un écho. Cela nous donne un effet de stress, où celui qui regarde le film s’attend à ce que quelque chose se passe. Puis, pendant l’évolution du générique, des sons aigus apparaissent. Cela nous surprend et nous laisse supposer que quelque chose de mauvais va se passer et nous pensons tout de suite à un phénomène paranormal. Lorsque le générique commence à défiler, nous entendons des voix qui ressemblent à des cris. Nous supposons tout de suite que ce sont des cris indiens et, un peu plus tard nous nous rendrons compte cela se rapporte à l’hôtel, où le protagoniste se rend, qui est construit sur un anciens cimetière indien. Ces cris se répètent tel un écho, mais nous remarquons que c’est  un langage que nous ne pouvons pas comprendre. Etant donné que les sont aigus s’amplifient au début du générique, moment où la caméra se rapproche de la voiture, nous pouvons supposer que c’est le prédateur qui se rapproche de sa proie. A ce moment les sons graves disparaissent pour laisser place aux sons aigus, puis aux voix. Dans cette symphonie, nous pouvons entendre plusieurs voix donc, nous pensons que ce-dit prédateur n’est pas seul, mais qu’il y en a plusieurs.

Lorsque le personnage arrive sur les pentes de la montagne, les sons graves reviennent accompagner les sons aigus puis, petit à petit, les sons aigus diminuent pour ensuite, totalement disparaître. Lorsque les sons graves sont redevenus uniques, la voiture est sur la fin de son trajet et nous arrivons sur le dernier plan du générique, là où l’hôtel apparait.  Lorsque nous sommes sur le plan de l’hôtel, un dernier cri apparait et nous pouvons penser que le suspense du film, cette traque mystérieuse, va se dérouler dans cet hôtel.

Fin du générique :  nous avons été mis en condition pour regarder ce film plein de suspense, nous somme prêt à être passionnés par une histoire mystérieuse, plein de suspense qui tangue entre fantastique et réel. A vous maintenant de regarder cet icône du film d’horreur britannico-américain et de venir nous faire part de vos commentaire ici-même, sur notre blog Moi, Jeune Critique de Cinéma, au Lycée Le Verger.                                                      

Emmanuelle RIVES









28 avril 2012

CERTAINS L'AIMENT CHAUD : un film inscrit dans la tradition des comédies ?

 

Certains l'aiment Chaud est un film Américain, réalisé par Billy Wilder sorti en 1959 ayant pour acteurs principaux Marylin Monroe (Sugar), Tony Curtis (Joe/ Joséphine) et Jack Lemmon (Jerry/Daphné). Ce film raconte l'histoire de deux musiciens (Joe et Jerry) embarqués involontairement dans un règlement de compte entre gangsters. Pour les fuir, ils se travestissent en musiciennes (Joséphine et Daphné) et entrent dans un orchestre féminin où ils tombent alors amoureux de Sugar.

 

 

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Certains l'aiment Chaud  est une comédie subversive qui emprunte à plusieurs genres ou sous-genres de l’histoire de la comédie.

 

 

 

Tout d'abord, le burlesque, car nous avons affaire à deux musiciens qui, ayant juste étés témoins d'un assassinat commis par des truands, se mettent à les fuir en se travestissant en femme pour entrer dans un orchestre féminin ce qui crée un univers complètement absurde et irrationnel au fur et à mesure de l’intrigue.

 

 

 

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Puis la parodie : nous constatons par exemple que le personnage Jerry ( Daphné) aime beaucoup les femmes au début du film (il les compare à des « gâteaux »), mais, change complètement de caractère lorsqu'il se travestit en femme, si bien que c'est lui qui choisit son nom féminin (qui n'a aucun rapport avec son nom original, alors que c'est le contraire de ce qu'a fait, par commodité, Joe/Joséphine). Il a un comportement qui devient vraiment très féminin : il/elle prend plaisir à s'habiller en fille et à séduire Osgood le vieux milliardaire lors de la scène du bal. Billy Wilder nous fait une parodie de l'homme machiste américain, ici qui adopte un comportement féminin et se met à devenir une « vraie femme ».

 

 

 

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Ensuite, la Screwball Comedy (qui est un sous genre de la comédie) est présente en permanence dans ce film, car, nous avons des dialogues très vifs, avec des sous-entendu (ici souvent sexuels) ainsi que des doubles sens. Par exemple, le dialogue final entre Osgood et Daphné (Jerry). Lorsque Daphné lui révèle que c'est en vérité un homme et qu'il ne peut pas se marier avec lui et Osgood qui rétorque le célèbre « Nobody is perfect » qui laisse une touche finale vraiment comique à ce film.

 

 

 

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Pour finir, le mensonge et le travestissement sont ici des armes du rire essentielles dans   Certains l'aiment Chaud  , beaucoup de personnages se déguisent en ce qu'ils ne sont pas dans la réalité, comme par exemple les croque-morts au commencement du film qui sont en réalité des trafiquants  qui transportent du vin en le dissimulant dans un cercueil (car l’alcool à ce moment-là était interdit : le film se passe au début à Chicago en 1929 lors de la prohibition, la vente d'alcool, le transport, la fabrication sont alors strictement interdits). Puis, nous avons les deux hommes qui se sont infiltrés dans cet orchestre féminin, ce qui amène le mensonge, permanent dans le film et ressort comique en connivence avec le spectateur.

 

 


 

 

 Parodie, burlesque, screwball comedy : Billy Wilder emprunte avec talent le savoir-faire de ses prédécesseurs pour réaliser un film original et très personnel.

 

 

 

Laëtitia ASSERPE







 

27 avril 2012

SOME LIKE IT HOT : pourquoi est-ce la comédie préférée des Américains ?

 

Certains l’aiment chaud, ou encore Some like it hot en version originale, est un film de 1959. Cette production américaine est réalisé par Billy Wilder et met en scène de nombreuses figures emblématiques du cinéma de l’époque. Nous y voyons notamment Marilyn Monroe dans le rôle de la belle Sugar, Tony Curtis dans la peau de Joe et Jack Lemmon qui interprète Jerry. Cette comédie regroupe toutes les caractéristiques de son genre en alliant comique sonore et visuel.

 

 

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Nous retrouvons dans ce film un classique de la comédie, la course poursuite qui entraîne des malentendus et des scènes amusantes. Par exemple, dès le début du film,   la poursuite d'un corbillard par la police, ainsi le spectateur découvre, amusé, de l'alcool alors qu'il pensait trouver un cadavre… dans le cercueil transporté… Laquelle poursuite nous entraîne tout au long du film dans un jeu permanent de cache-cache entre gangsters et petits anti-héros sympathiques.

 

 

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Le comique plus proprement visuel est aussi convoqué à travers le mensonge, les tromperies qui génèrent des situations comiques. En effet le spectateur s'amuse des tromperies que les personnages additionnent et les mettent dans l’embarras car eux-mêmes se perdent dans leurs mensonges. La tromperie participe donc au genre : hommes travestis, mafieux déguisés en fan d’opéra, bouillotte transformée en shaker et on voit les personnages boire dedans...

 

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Par la suite, un comique de situation lié à la confrontation permanente des codes sociaux en vigueur. Le spectateur s'amuse de voir des personnages prêt à tout pour s'enrichir, à l'aide de tentatives amusantes (mariage homosexuel = Daphné veut se marier avec Osgood puis divorcer car elle est en réalité…un homme…pour obtenir une pension de vie, mensonge et déguisement, Joe se déguise en femme pour fuir et en milliardaire pour séduire Sugar).

 

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La base de l'histoire amuse le spectateur. En effet, les mésaventures du duo d'hommes les amusent. La personnalité marquée de chacun participe aussi du comique. Tony Curtis joue le rôle d'un séducteur, menteur, provocateur et dominateur tandis que Jack Lemmon interprète l'homme peureux et hésitant. Le duo est associé à un couple et le spectateur se gausse de voir Joe (qui même dans la peau de Joséphine « porte la culotte ») dominer Jerry ( Daphné).

 

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Le comique est enfin verbal, grâce à des dialogues subtils et intelligents. Les sous-entendus sont extrêmement présents ( blague de « l'unijambiste »). Ainsi qu'une certaine ambiguïté qui fait rire le lecteur ( «I'm a man», «Nobody's perfect» laisse le spectateur sur une fin amusante et ambiguë qui le surprend et le fait éclater de rire)


Certains l'aiment chaud


 

Ainsi ce film est-il considéré comme l'une des deux meilleures comédies américaines, pour toutes ces facettes comiques.

 

 

 

Estelle GRONDIN et Mathilde ECLAPIER







 

 

 

 

 

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